Par Rénald Boisvert
Dans un article paru dans La Presse, Yves Boisvert a affirmé avec raison que la mort de la jeune boxeuse de 18 ans était bien plus qu’un malheureux incident. Il a eu également raison d’applaudir la décision d’assigner un coroner dans le but de mieux comprendre les causes et les circonstances entourant ce décès.
Par ailleurs, il faut espérer que le coroner à être désigné ne sera pas habité, tel Yves Boisvert, des mêmes idées préconçues envers la boxe. Un bon journaliste ne devrait pas de la sorte conclure à l’avance que l’objectif inavoué était ici de « camoufler en malheureux accident une mort scandaleuse». Le mot «camoufler» est manifestement inapproprié. Les décès qui surviennent dans la boxe sont le résultat d’innombrables facteurs. Y voir du camouflage est extrêmement réducteur. Cela tient de l’ignorance.
Pour justifier son point de vue, Yves Boisvert ose même se poser en expert en affirmant ceci : «Au fait, faut-il vraiment un examen d’imagerie par résonance magnétique pour savoir qu’une personne «knockée» au mois de mai n’est pas en état de boxer au mois d’août? Est-ce que c’est même décent de prétendre ça, examen ou pas?» Encore une fois, ce commentaire est affreusement réducteur. Les boxeurs ayant encaissé un knock-out n’ont pas tous la même réaction. La grande majorité d’entre eux sont asymptomatiques quelques instants après avoir subi un knock-out. Certains autres peuvent être considérablement fragilisés. Or, il y en a qui développent des séquelles alors qu’ils étaient au départ asymptomatiques. D’autres, au contraire, n’en
développeront aucune malgré la survenance d’une commotion cérébrale même sévère. Il ne faut donc pas généraliser.
Ainsi, Manny Pacquiao n’avait que 17 ou 18 ans lorsqu’il a subi son premier knock-out chez les professionnels. Moins de trois mois après, il combattait à nouveau. Malgré qu’il ait essuyé plusieurs knock-out au cours de sa carrière, Pacquiao n’a jamais semblé avoir ralenti autrement qu’en raison de son âge.
Mais les boxeurs n’ont pas tous la même condition de santé que le boxeur des Philippines. Aussi, ce n’est certainement pas le moment pour les suppositions et les généralisations. Yves Boisvert aurait eu intérêt à demeurer sobre dans son texte. La boxe professionnelle a plutôt besoin de journalistes d’enquête pour soulever la gravité de certaines anomalies qui hantent le fonctionnement de cette industrie. Aussi, le coroner pourrait éventuellement formuler des recommandations en vue d’améliorer la protection des boxeurs. Mais il n’y a pas ici de place pour les préjugés et le manque de rigueur dont fait preuve le journaliste de La Presse.