• 23 octobre 2024
  • Last Update 16 octobre 2023 10 h 47 min
  • Montréal

La Chronique de l’homme aux mille et un graphiques.
Martin Laporte

La Chronique de l’homme aux mille et un graphiques.<br>Martin Laporte

Mise en contexte : Sur une base régulière, je vous représenterai la boxe le plus visuellement possible afin de vous informer et de discuter de votre sport préféré. Un thème à la fois je ferai parler mes points à l’aide de différents angles que mes graphiques me permettront d’aborder. 

Puisque consommer local est important, le premier thème abordé sera l’évolution des championnats du monde chez la boxe moderne québécoise. Tout aussi important, l’objectif majeur d’un boxeur professionnel est d’avoir un jour la chance de se battre pour un titre de championnat du monde. Les bourses en jeux sont aussi nettement plus élevées lors de ces combats et cela est aussi vrai pour les titres dit « régulier » et « intérim ». Considérant cet engouement, j’ai produit une base de données où tous les combats de championnat du monde depuis 1980 et en lien avec la boxe local ont été compilés*.

Thème 1. Évolution des championnats du monde chez la boxe moderne québécoise

Graphique 1.2 Association entre le nombre de combats de championnats du monde en lien avec la boxe locale* au travers des années pour i) l’ensemble des championnats (en gris), ii) les championnats hors Québec (en rouge) et iii) les championnats produits au Québec (en bleu).

Explications. Afin de vérifier une tendance souvent observée avec un histogramme (voir précédente chronique concernant le graphique 1.1), les analyses de type régression sont souvent utilisées. Ces analyses sont en revanche sensibles à la présence de 0 en début ou en fin de série. Ainsi, les années entre 1980 à 1994 ont été retirés pour les analyses sur l’ensemble des championnats (en gris) et les championnats hors Québec (en rouge) tandis que seulement les années à partir de l’an 2000 ont été conservés pour les championnats produits au Québec (en bleu). De plus, puisque la covid a affecté les années 2020-21, celles-ci ont aussi été retirées. À noter que les pointillés nous résument la tendance de l’association et que la valeur du R2est un indicateur de la force de celle-ci. Une valeur de 1 indiquerait une association parfaite. Il est aussi possible de s’assurer qu’une tendance ne soit pas le fruit du hasard, mais cette question va au-delà de l’objectif de la présente chronique.

Discussion. Il est intéressant de constater que depuis 1995, les nombre par année de championnats du monde en lien avec la boxe québécoise* ne cessent d’augmenter (en gris). Cette tendance est relativement forte et semble démontrer une industrie de plus en plus performante. Nous avons donc de plus en plus accès à des championnats du monde au sein de notre boxe locale. Comment expliquer le fait que nous avons de plus en plus de championnats du monde en lien avec la boxe locale? Nos boxeurs sont-ils relativement devenus meilleurs au fil du temps ? C’est possible, mais il est important ici de préciser que plusieurs explications non-exclusives peuvent expliquer une association. Par exemple, il est aussi possible que nos promoteurs aient gagnés en réputation et en contact avec le temps, permettant à la fois un meilleur pouvoir d’attraction pour le recrutement et de chances aux titres. La qualité des entraineurs peut aussi avoir augmenté avec le temps. Finalement l’arrivé de titre « intérim » qui ont augmenté en popularité lors des dernières décennies peut aussi avoir jouer dans la balance. Cependant, sans la création d’une solide base de données incluant toutes ces informations, il m’est impossible de vérifier les parts relatives de chacun de ces paramètres. Je vous laisse donc à vos propres interprétations.

L’autre observation qui saute aux yeux est les tendances diamétralement opposées entre les championnats produits à l’étrangers (en rouge) et les championnats produits au Québec (en bleu). En effet, dans la deuxième partie des années 2000, on a assisté à l’apogée des combats de championnats au Québec qui s’est poursuivi jusqu’à approximativement 2015. Pendant ce temps, les championnats effectués à l’étranger en lien avec la boxe Québécoise étaient en diminution. C’est d’ailleurs à ce moment qu’on pouvait même produire des combats d’unification au Québec avec des boxeurs étrangers. AprèsRoberto Duran c. Ray Leonard en 1980, ce sont Timothy Bradley Jr. et Kendall Holt qui se sont affrontés en 2009 dans un combat complètement fou où les deux champions ont visités le tapis. De plus, un combat de championnat du monde entre Sergey Kovalev et Ismayl Sillah a été présenté en 2013 en sous carte du combat opposant Adonis Stevenson à Tony Bellew. Une autre incroyable soirée de boxe. Des tels galas sont impensables de nos jours. Effectivement, les tendances actuelles montrent une diminution de championnats produits au Québec avec une augmentation de ceux effectués hors Québec. Ces tendances ont débuté vers 2015 et les effets de la covid n’y sont même pas incluent…

Perspectives. Pourquoi notre boxe locale s’exode à l’étranger pour les championnats du monde? C’est une question qu’on aimerait tous pouvoir répondre afin d’y apporter une solution. C’est d’autant plus difficile à comprendre puisqu’ils se battent de plus en plus souvent à ce niveau. Se pourrait-il que les victoires en championnats du monde aient diminués avec le temps, laissant en plan l’amateur recherchant une soirée heureuse où il peut voir son favori gagner et rester champion? Je répondrai à cettequestion lors de la prochaine chronique. D’ici là, on peut aussi se demander si les grands évènements passés qui nous ont été offerts nous ont pas un peu gâtés. Il se peut que les fans de boxes se sont mis à lever le nez sur des championnats du monde de moindre envergure, offrant ainsi moins de latitude aux promoteurs locaux. Il est aussi possible que la perte de vedettes majeures comme Lucian Bute et Jean Pascal soit directement liée à cette tendance. Malheureusement, avec les performances récentes du Canadiens, les dollars loisirs attribués à la boxe par les québécois ne risquent pas d’augmenter d’ici tôt. À moins peut-être qu’une nouvelle star naisse… Vivement l’arrivé d’une nouvelle coqueluche pugiliste pour les Québécois!Est-il né le divin enfant ?

* Utilisant le site web boxrec.com, j’ai produit une base de données où j’y ai inclut tous les combats de championnats du monde réalisés au Québec, ainsi que tous ceux avec un boxeur Québécois. J’inclus ici dans le groupe des boxeurs Québécois tous les boxeurs associés à un promoteur québécois, ainsi que tous les boxeurs formés en totalité ou en partie au Québec, tant au niveau amateur, qu’au niveau professionnel. Un boxeur formé ici doit au minimum avoir eu un entraineur québécois comme chef de coin**. En plus de son caractère inclusif, cette définition a aussi l’avantage d’avoir un aperçu assez global de la contribution du Québec à la boxe.

** Il est cependant important de mentionner que ce critère met de côté plusieurs contributions importantes de notre savoir-faire québécois en boxe. Par exemple, plusieurscontributions de Russ Anber ne sont pas soulignées à leurjuste valeur. Russ a été homme de coin pour d’innombrables grands champions, participant souvent à leur camp d’entrainement et apportant parfois des éléments stratégiques cruciaux au plan de match.

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