Selon ce que rapporte le proactif Laurent Poulin, Arslanbek Makhmudov pourrait remonter dans le ring de Shawinigan en décembre, contre nul autre qu’Efe Ajagba. Un combat qui, s’il s’officialise, opposerait deux des poids lourds les plus craints de la planète boxe.
Avant d’aller plus loin, je veux toutefois faire attention avec mes mots. En disant qu’ils sont deux des plus craints, je ne dis pas qu’ils sont les deux meilleurs, car cela, ils doivent encore le prouver. On parle ici de deux boxeurs de type « high risk, low reward », de par leur style expéditif et brutal. Deux géants dont les habilités compliquent la vie de leurs promoteurs qui ont ensuite du mal à leur trouver des adversaires voulant les affronter pour le simple défi sportif que cela représente.
Souvenir de Curtis Harper
Il y a quelques semaines, plusieurs ont été surpris de voir Newfel Ouatah refuser de se battre contre Simon Kean dès le son de la cloche. À quelques détails près, ce n’était toutefois pas une première puisqu’en 2018, Curtis Harper avait littéralement quitté le ring au son de la première cloche de son combat contre… Efe Ajabga.
Après cela, le Nigérien était momentanément devenu une sensation du web, un mythe, une terreur. En plus, contrairement à Kean, cela avait compté pour une victoire à sa fiche, gracieuseté du Bureau des Sports de Combat du Minnesota qui avait disqualifié Harper.
« Presque » invaincu
Attention, car le cogneur du Nigéria ne fait pas que « faire peur »; il sait boxer. Après le freak show contre Harper, il est allé battre l’Olympien de la Turquie, Ali Eren Demirezen, que personne d’autre n’a battu à ce jour.
En fait, la seule tâche à sa fiche de 16(13)-1-0 est une défaite contre Frank Sanchez, qui est en quelque sorte la version poids lourds d’Erislandy Lara.
Il existe donc un blueprint pour battre Ajagba. Toutefois, même si Marc Ramsay a été dans le coin d’Odlanier Solis, son plus récent poulain poids lourd n’a pas exactement un style de « boxe cubaine ». De ce fait, au grand bonheur des amateurs, le « Lion » devra donc être fidèle à lui-même et battre Ajagba « à sa manière ».
Ce qui promet une guerre presque assurée sachant que le Nigérien est invaincu contre les boxeurs qui vont de l’avant.
Ne pas tomber dans le piège
Après que son boxeur ait battu Carlos Takam, Marc Ramsay avait confié qu’il espérait que certains « tombent dans le piège » de maintenant sous-estimer Makhmudov.
Si c’est ce qui a en effet (peut-être) pousser Ajagba, lui-même considéré comme un « boogeyman », à accepter le combat, c’est maintenant au tour de Makhmudov de devoir se méfier.
Encore contre Carlos Takam, bien que le Montréalais d’origine russe s’était fait atteindre solidement à quelques reprises, Marc Ramsay disait qu’au moins, il était content que son boxeur ait répondu positivement aux questions de certains par rapport à sa mâchoire.
Dans le cas présent, le style d’Efe Ajagba a beau être moins « complexe » à solutionner et la mâchoire d’Arslanbek Makhmudov a beau être « solide », mais si le colosse du Nigéria atteint Makhmudov comme il a été atteint le 16 septembre dernier, il y a de bonnes chances que les lumières s’éteignent…
Un comparatif qui en dit long
Pour analyser ce possible combat, les deux boxeurs ont un ancien adversaire commun en Jonathan Rice.
Notamment reconnu pour sa durabilité, l’Américain a résisté à survivre sept rounds dans la « fosse au lion » en 2019. Avant le combat contre Takam, c’était même le combat de Makhmudov à avoir duré le plus longtemps, principalement parce que Rice (et qui lui en voudra) a surtout essayé de survivre.
L’année suivante, l’Américain se mesurait à Ajagba en tant qu’adversaire de remplacement. Rapidement dans le combat, Ajagba a ébranlé l’Américain, qui a ensuite (et encore une fois) tout essayé pour survivre. Heureusement pour lui, cela fonctionnera puisque le Nigéria se blessera à la main droite, son outil de prédilection, ce qui ne l’empêchera pas de remporter une décision unanime à sens unique de 10 rounds.
Bref, dans tous les cas, « Jonnie » n’y est allé que pour la survie. Si le combat se matérialise, Makhmudov ne tentera pas d’outbox Ajabga, de même que ce dernier n’aura pas à poursuivre le « Lion » toute la soirée. On dit souvent que « styles make fights » et pour être franc, celui-là pour en fait tout un. Pour la suite, puisque j’ai déjà écrit presque 800 mots, je vais au moins attendre une annonce officielle pour faire une prédiction.
En attendant, j’invite tout le monde à toucher du bois.
Crédit photo : Vincent Ethier, EOTTM.