Le Montréalais Christopher « Machine Gun » Guerrero a vaincu Julian Mendo Salmoran par arrêt de l’arbitre, au 5e round d’un combat présenté par Eye of the Tiger Management (EOTTM), jeudi soir au Casino du Lac-Leamy.
Pour Guerrero, qui boxe entre 147 et 154 livres, il s’agit d’une cinquième victoire en autant de combats, mais surtout, d’une première avant la limite. Un moment qu’attendait le boxeur de 21 ans avec impatience.
« J’étais en pleurs… c’était vraiment [un moment] émotionnel pour moi parce que j’ai travaillé très fort pour ce ko. J’avais une pression immense, tout le monde me disait : « quand est-ce que tu vas avoir un ko? » et là j’ai montré que je pouvais le faire », a-t-il raconté, encore sur un nuage après le combat.
La pression tombe
Ce premier knock-out, il coïncide justement avec le fait que Guerrero se battait pour la première fois dans un combat de six rounds. Si cette étape représente un défi de taille pour certains jeunes boxeurs, c’est le « meilleur des mondes » pour Guerrero.
« J’avais toujours besoin d’un round de plus, c’était une question de temps, mais ça va rouler maintenant… Ils vont commencer à tomber », a indiqué le Montréalais d’origine mexicaine, dans une entrevue en français, bien qu’il s’exprime aussi bien en anglais, espagnol, et italien.
Malgré le fait que Guerrero se mettait avant tout lui-même beaucoup de pression, son promoteur, Camille Estephan croit que ce n’était qu’une question de temps avant que son poulain ne démontre sa force de frappe.
« Il était soulagé, comme on dit en anglais, il a ‘get the monkey of his back’. Avant il n’était pas capable de ‘finir’ ses adversaires, mais on savait qu’il ‘cognait’, et ce soir, il sortit sa meilleure performance », a affirmé le fondateur d’EOTTM, en soulignant voir maintenant plus de « maturité » dans la technique du jeune boxeur.
Patience et travail récompensés
L’auteur de cette « meilleure performance » ne la doit d’ailleurs pas à la chance, mais bien au travail acharné, et cela, son entraineur peut en témoigner.
« On a travaillé pour… ça fait trois combats qu’on cherche ce knock-out-là. À chaque camp d’entrainement, on a travaillé là-dessus et ça a porté fruit ce combat-ci », a indiqué Giuseppe Moffa.
De plus, ce dernier a aussi précisé que l’une des choses qu’ils ont le plus travaillées est ses attaques au corps, une stratégie qui, bien qu’elle nécessite de la maturité, se veut un investissement payant lorsque les combats s’allongent.
« Chris c’est aussi un gars patient, un gars défensif, alors plus il va y avoir de rounds, plus il va être meilleur », ajoute l’entraineur de 23 ans du Centre sportif Ulysse Nation, visiblement aussi content que son boxeur de passer à des combats de quatre à maintenant six rounds.
Vers les classements d’ici deux ans?
Bien qu’en soi déjà à sa cinquième victoire, Christopher Guerrero n’a que 21 ans et ne veut aucunement brûler les étapes. Cependant, quand on lui demande où il se verrait, à moyen terme, « Machine Gun » ne passe pas par quatre chemins.
« Dans deux ans, je me verrais avec un titre NABF et tous les titres continentaux », répond-il spontanément.
Un objectif qui, selon Camille Estephan, est parfaitement accessible pour son protégé.
« Il a absolument le potentiel, il est très jeune et à beaucoup à développer, mais je pense qu’il a le talent pour ça c’est sûr », a-t-il indiqué en toute fin de soirée.
Un coup de poing qui a tout changé
Natif de Puerto Vallarta au Mexique, c’est ensuite sur une ferme de Saint-Jean-sur-Richelieu que Christopher Guerrero a grandi. Pour ce qui est de la boxe, c’est à cause d’un incident survenu à l’école primaire que tout a commencé.
« J’avais à peu près 10 ans et un gars à l’école m’a frappé ‘dans face’ […]. Quand je suis rentré à la maison et que j’ai raconté à mon père ce qui s’était passé, il m’a tout de suite dit : ‘Okay on s’en va au gym de boxe », raconte-t-il.
Apprenant non seulement à se défendre, le boxeur qui a éventuellement déménagé à Montréal avec sa famille a rapidement développé une véritable passion pour le sport. Faisant ses débuts en boxe amateur à 15 ans, le succès fut presque immédiat, alors qu’il remporta notamment le championnat canadien en 2017 et 2020.
À l’aube de la vingtaine, c’est l’arrivée de la pandémie, mettant ainsi la boxe amateur sur pause, qui lui a fait prendre la décision de se tourner vers les rangs professionnels. S’associant avec EOTTM en 2021, il a immédiatement obtenu la chance d’effectuer ses deux premiers combats à sa terre natale du Mexique, avant de se battre au Québec pour les trois suivants, tout cela, en un peu moins de 20 mois.
Somme toute, avec le succès qu’il connait aujourd’hui, ce serait un euphémisme de dire que Christopher Guerrero ne regrette pas de s’être fait « frapper dans face » il y a plus d’une décennie de cela.
« Je suis vraiment content d’avoir trouvé la boxe… aujourd’hui, je ne sais pas ce que je pourrais faire d’autre », a conclu le jeune boxeur affamé, en précisant que son se secret n’est de ne « jamais être satisfait ».