Dans quelques jours, Canelo Alvarez et Dmitry Bivol vont s’affronter à Las Vegas pour le titre de la World Boxing Association (WBA) des mi-lourds. Il n’est donc pas trop tard pour se poser la question suivante : est-ce que Bivol a une réelle chance de défendre son titre avec succès?
Durant son camp d’entraînement, Canelo a dit lui-même aux médias : « personne ne peut me battre en ce moment, je suis au sommet de ma forme ».
Est-ce un signe d’excès de confiance? Est-ce la vérité? Peut-être que c’est un peu des deux, mais cela reste bien sûr à prouver. La vérité est qu’il est vrai que Canelo semble difficile à vaincre dernièrement. Le Mexicain a passé les derniers mois à marteler tous les champions des 168 livres : Callum Smith, Billy Joe Saunders et Caleb Plant. Tout cela, en prenant même le temps d’aller se promener dans le parc avec Avni Yildirim dans une formalité douteuse dont seule la boxe a le secret. Bref, comme l’emploi du verbe « marteler » peut le laisser entendre, toutes ces victoires étaient sans équivoque, toutes contre des champions alors invaincus.
Est-ce que ce sera différent avec Bivol?
Pour se poser une telle question, il faut savoir à qui on a affaire. Dmitry Bivol est un technicien hors pair; sa ceinture et sa fiche immaculée peuvent en témoigner. Toutefois, toutes ses belles habilités ne seront pas suffisantes samedi et je m’explique par cette citation de Floyd Mayweather Jr.
Bien sûr, le Russe possède un jeu de jambes des ligues majeures, mais c’était aussi la principale force de Billy Joe Saunders, et ce, à un point même où la taille du ring fut controverse. Il possède un jab efficace, mais Sergey Kovalev n’avait-il pas (et a probablement toujours) l’un des meilleurs jabs de toute la planète boxe? Comme la plupart des adversaires de Canelo, depuis qu’il boxe à 168 et 175, Bivol aura un avantage de taille, de poids et de portée, mais Canelo a prouvé à maintes reprises qu’il pouvait neutraliser ses facteurs. Sans compter que le Russe n’est pas considéré comme un « gros » mi-lourd. De plus, même s’il n’a pas visité le plancher de sa carrière, il ne possède pas non plus l’aura d’invincibilité qu’avait un Gennady Golovkin puisqu’il a tout de même passé bien près d’être arrêté par Joe Smith Jr. Plus encore, même s’il frappe bien en combinaisons, on lui a bien souvent reproché son manque d’agressivité, et ça peut coûter très cher quand on affronte Canelo Alvarez à Las Vegas.
Vous voyez où je veux en venir? On peut se rendre si loin en étant un boxeur de l’élite en étant bon dans tout. Toutefois, c’est la différence entre être bon et excellent qui sépare les champions des grands champions.
D’ailleurs, comme plusieurs, je crois qu’Artur Beterbiev est l’homme qui a le plus gros défi à offrir à Canelo. Je crois cela car, même si le montréalais d’adoption n’est pas excellent dans toutes les facettes, il est le meilleur à ce qu’il fait. C’est-à-dire, mettre une pression suffocante et faireen très mal à ses adversaires (en résumé simplifié).
Bivol est peut-être meilleur all-around que Beterbiev, mais ce n’est pas la solution pour résourdre le casse-tête mexicain. Le technicien russe saura offrir quelques énigmes en début de combat. Canelo saura toutefois les résoudre pour prendre le contrôle du combat à mesure où ce dernier avancera. Malgré tout, le Russe restera debout, principalement parce qu’il ne tentera pas de coup d’éclat en deuxième moitié de combat. Son règne de plus de quatre ans chez mi-lourds, quatrième plus long de toute la boxe, prendra toutefois fin.
Canelo l’emportera par décision unanime et les juges remettront des cartes de 116-112 sans controverse. Bref, l’inverse de la prédiction de Laurent Poulin.