Avant la COVID-19, sortir de la quarantaine signifiait vieillir de 10 ans. Je suis né un 10 février en 1982, j’étais tellement prématuré que les médecins ont avisés ma mère de ne pas s’attacher inutilement, mon père venait seul me jaser à travers une vitrine. Je suis un miracle de la médecine, d’autres diront que je suis un miracle sur deux pattes.
Dans les derniers jours, j’ai mis sur papier mes meilleurs souvenirs du monde de la boxe au Québec.
Les entraînements publics.
Étant jeune et pauvre, j’adorais me pointer aux entraînement publiques surtout parce que c’était gratuit, aussi pour entendre tout ce qui se disait.
Trevor Berbick vs Shane Sutcliffe au club de boxe champion : Nous sommes à quelques jours de mes 17 ans, je me dirige seul pour voir Sugar Shane Sutcliffe s’entraîner, il benche plus de 400 livres et s’amuse à squatter le quartier Rosemont au complet. Puis.. s’ouvre une porte, un vieil homme en imperméable noir prend la parole et explique comment l’expérience et la ruse viendront à bout des muscles vendredi soir prochain. Malgré ses 48 ans, Trevor Berbick volait dans le ring du Centre Pierre-Charbonneau. Une performance digne du discours tenu quelques jours auparavant.
Alex Hilton vs Stéphane Ouellet à l’hippodrome de Montréal. J’ai 14 ans et de l’acné plein la face, armé d’une caméra jetable 24 poses, je m’improvise photographe et je prétends être l’élève de Bob Lévesque. Je demande une photo à Regis qui me répond « ah ben Calisse, y’a un jeune qui veut une photo de moi ». Pour l’anecdote, aucune photo n’a fonctionné à cause de l’éclairage faible de Blue Bonnets.
Sergey Kovalev vs Jean Pascal à la cage aux sports de Boucherville.
J’ai pas d’histoires précises à raconter ici, juste dire que le cage de Boucherville est plus grande que le stade olympique.
Les championnats du monde.
Étrangement, je n’ai pas assisté à énormément de combats de championnats du monde, mais je sais une chose, ce sont des moments grandioses.
Quand Davey Hilton a vaincu Dingaan Thobela dit « La rose de Soweto », j’ai vu tellement de gens exploser de joie en même temps, la trappe de ballon et de confettis qui s’ouvrent du plafond. J’en frissonne encore avant de m’endormir le soir.
J’ai écouté le combat entre David Lemieux et Hassan N’Dam aux côtés d’Abe Pervin, je me rappelle encore les yeux remplis de fierté de Camille Estephan qui rejoint son champion dans le ring.
J’ai mentionné à Philippe Farley que la puissance d’Adonis Stevenson était spécial et qu’il serait champion du monde un jour. Il a esclaffé de rire, Stevenson 3-0 a l’époque ouvrait les galas. Juin 2013, nous sommes plus de 35 personnes dans la résidence secondaire de Nicolas L’espérance quand Dawson s’écroule, c’était l’aboutissement de ma carrière de devin. Nicolas qui a plus peur de la fin du monde que la fin du mois a sorti 12 bouteilles de Champagne de sa réserve secrète pour me permettre de célébrer la victoire du cogneur gaucher. Je donnerais un rein pour revivre ce niveau d’émotions un jour.
Mes débuts télévisés.
C’est Julie Bertrand – une femme magnifique- qui a eu l’idée de m’inviter à l’émission « Les colomnists » pour discuter du combat entre David Lemieux et Billy Joe Saunders. Je les ai tous laissé parler et raconter comment David allait finir par passer le Ko au désagréable anglais, puis j’ai fait ma déclaration « Billy Joe va gagner tous les rounds 120-108 ». Depuis ce jour, Réjean Tremblay veille sur les intérêts et m’a pris sous son aile. Le reste de l’histoire est connu, je trône au sommet de la boxe québécoise depuis ( en tous cas, je crois ça ).
Les conférences de presse.
J’en ai vu des milliers de conférence de presse. Jean Pascal me fait bien sourire même si ses frasques passaient souvent dans le beurre, la dent de requin de Dorin, le spaghetti sauce au sang ou le lancer de banane à Sergey Kovalev tenait plus de la lutte internationale qu’un combat de boxe sérieux.
L’entraîneur de Hassan N’Dam gagne tous les prix pour une conférence de presse, Mustapha Ouicher a critiqué le Québec en entier et Eottm pendant un bon 15 minutes, la grandeur du ring, la bourse, le poids, l’avion, la manger à l’hôtel, il était en feu. Quand Bernard Hopkins a demandé une traduction, le maître de cérémonie a rétorqué « He is happy to be here ».
La face de Régis Labeaume quand Bernard Hopkins lui arrache le titre des mains valait le gaz vers Québec.
Remerciement de moitié de vie
-Tout le monde qui m’a déjà cru quand je leur disais que le combat du siècle était ce soir pour partager le prix du PPV.
–Nicolas L’espérance pour tous les combats dans son sous-sol et les billets pour le dernier combat de Gaétan Hart.
Steve Viera et Jonathan Jeria pour l’accès à vos télévisons et vos sofas pour m’accueillir lors des galas.
Philippe Farley pour la commandite et m’avoir permis de réaliser mes prédictions.
Pierre-Marc Fréchette de continuer à croire quand je lui dis qu’un tel va causer la surprise et de courir gager à Mise-o-jeu.
Jean-Philippe Ouimette de m’avoir mis au monde.
Vincent Tremblay : Je t’aime. Marie-Eve Albert, t’es en route vers le sommet.
Costa Anagnostopoulos et Yves Lévesque pour tous les cadeaux que vous m’avez offert comme ce gant de Mike Tyson.
Christian Toussaint, Martin Achard, Martin Laporte et Francois Bouchard.
Rénald Boisvert. Noé Cloutier, Carl Vaillancourt, Nathalie Bruneau, Vincent Morin, Kenny Chery, Francois Pratte et Claire Couturier.
Mathieu Boulay et Francis Paquin pour les conseils et m’avoir accueilli comme un des vôtres.
Je pourrais continuer, mais j’en garde pour mes 50 ans.