• 8 octobre 2024
  • Last Update 16 octobre 2023 10 h 47 min
  • Montréal

LA BOXE ET LE HOCKEY : QUELQUES SIMILITUDES
(PREMIÈRE PARTIE)

LA BOXE ET LE HOCKEY : QUELQUES SIMILITUDES<br>(PREMIÈRE PARTIE)

Par Rénald Boisvert

Je ne suis pas un fan de hockey. Pourtant, je n’ai pu résister à cette vague d’intérêt qui a déferlé sur le Québec lors des récentes séries éliminatoires de la LNH. Ceci dit, il m’a été impossible de suivre les explications des commentateurs sans faire des liens avec la boxe. C’est ce qu’on appelle une déformation professionnelle.

En particulier, ce sont les enseignements du commentateur (et ancien entraîneur) Guy Boucher qui m’ont amené à faire des rapprochements entre ces deux sports en apparence inconciliables. Aussi, vu l’abondance des sujets traités par Boucher, je compte publier trois articles dont l’objectif visera justement à identifier quelques-unes des similitudes entre le hockey et la boxe.Aujourd’hui, mon intérêt se portera sur les changements fondamentaux que ces deux disciplines sportives ont connus au cours des dernières décennies.

LA VALEUR D’UN ATHLÈTE : TALENT OUCOMBATIVITÉ (CHARACTER)?

En tant qu’entraîneurs, nous avons cette tendance à rechercher avant tout le talent. Or, la force de caractère chez un athlète semble de nos jours avoir gagné en importance, à tel enseigne que celle-ci serait peut-être maintenant la valeur la plus recherchée au hockey. Sur cette question, l’explication donnée par Guy Boucher est très intéressante.

S’agirait-il d’une question de rareté? Au hockey, ce serait maintenant plus difficile de dénicher des athlètes de caractère. Selon Guy Boucher, cette rareté s’explique à partir des changements survenus dans la société. Les enfants abandonnent plus vite de nos jours. Par exemple, si un enfant éprouve de la difficulté, on ne l’incite pas à persévérer. C’est comme s’il fallait que la réussite sportive s’atteigne en un claquement de doigts (en un clic de souris, devrait-on dire!)

Mais Guy Boucher ne paraît pas décontenancé par cette situation. Au lieu de réagir comme si c’était une fatalité, il y voit au contraire un nouveau challenge pour les entraîneurs. Or, vous ne serez peut-être pas surpris d’apprendre qu’un tel challenge doit également être relevé de nos jours pour ce qui est de la boxe.

COMMENT DÉVELOPPER LA FORCE DE CARACTÈRE? 

Les temps ont changé. Il ne suffit plus de réunir des jeunes dans un gymnase de boxe pour qu’ils se développent. Notamment en ce qui concerne lestraits de caractère, notre approche pédagogique s’est forcément transformée au fil des années.

Du point de vue de Guy Boucher, c’est dans l’adversité que les jeunes sportifs vont développer leur caractère. Ceci est toujours vrai. Sauf que ceux-ci doivent désormais y être exposés graduellement. En boxe, il n’y a plus de place pour ces initiations à la dure comme c’était le cas autrefois. L’adversité doit d’abord être apprivoisée. Patience! Car une fois que le jeune athlète aura triomphé des premières épreuves, il saura qu’il peut traverser toutes les autres.

Mais pour l’entraîneur, reconnaître l’existence dece changement social constitue un prérequis indispensable pour ce qui est de l’approche auprès des jeunes sportifs. Il y va de son efficacité en tant que pédagogue. 

Par ailleurs, au hockey comme à la boxe, la force de caractère n’est pas seule à avoir subi de profondes transformations. En effet, des changements majeurs sont également survenus pour ce qui est des méthodes d’entraînement. Celles-ci ont cependant le mérite d’avoir grandement amélioré la rapidité et l’explosivité des athlètes. Voyons d’abord comment ceci s’est manifesté au hockey.

PETITES PRÉSENCES SUR LA GLACE (SHORT SHIFTS)

L’objectif d’atteindre une plus grande intensité au hockey a été certainement à l’origine de ce changement qui requiert de la part des joueurs d’effectuer de très courtes présences sur la glace.Sur cette question, les commentaires de Guy Boucher s’avèrent encore très pertinents.

Au hockey, si l’on requiert de courtes présences sur la glace, c’est pour permettre plus de rapidité et d’intensité de la part des joueurs. Selon Guy Boucher, cette règle prévaut chez tous les entraîneurs de la LNH. D’ailleurs, il appert que lesmeilleurs athlètes vont limiter à environ 45 secondes la durée de chacune de leur présence sur la glace. Ainsi, un athlète discipliné dépassera rarement cette limite.

Par ailleurs, Guy Boucher aurait certainement pu parler de l’entraînement qui, forcément, s’est aussi transformé au cours de dernières décennies afin de soutenir la capacité des joueurs de répéterl’exécution de ces « shifts » avec une égale efficacité. Qu’en est-il de l’entraînement?

LES INTERVALLES COURTS

Il s’agit d’un type d’entraînement qui consiste effectuer de courtes périodes d’efforts (intenses) en les alternant avec des périodes de récupération. Ainsi, le ratio effort/repos variera en fonction des qualités physiques et énergétiques que l’on veut travailler, mais aussi en fonction du sport en cause. 

Le ratio 30 sec/30 sec est le plus populaire. Mais il est loin d’être le seul à appliquer. Au hockey, il ne serait pas étonnant que les athlètes s’entraînent, par exemple, selon un ratio de 10 sec/40 sec afin d’augmenter leur explosivité. D’autre part, lorsqu’il s’agit plutôt de cibler un type d’entraînement qui reproduit les conditions spécifiques du sport, alors là, les joueurs s’entraîneraient selon un ratio s’apparentant à 35 sec/90 sec. Ce ne sont là que des exemples. La palette de possibilités est énorme.

Vous avez certainement compris que le ratio est composé de deux périodes de temps. La première désigne la durée de l’effort tandis que la deuxièmecorrespond à la période de récupération. Précisons que la récupération peut être active ou passive. Elle est passive lorsque l’athlète est à l’arrêt alors que la récupération est active quand l’effort est peu intense de manière à permettre une certaine récupération. Ici, vous comprendrez que l’objectif est que l’athlète s’entraîne avec un certain niveau de fatigue.

Bref, l’entraînement par intervalles courts est sans contredit à la base de ces transformations au hockey (rapidité et intensité accrues). Vous devinerez qu’il en est de même pour ce qui est de la boxe. Malgré la résistance de la part de certains entraîneurs, les entraînements par intervalles courts ont permis là aussi un développement majeur chez les boxeurs.

UN TYPE DE CAPACITÉ TRANSFÉRABLE

Au cours des dernières décennies, à la boxe, on a assisté également à une augmentation de la vitesseet de la puissance, notamment grâce à la préparation physique. La raison est simple : c’estgénéralement au cours de la préparation physique que les boxeurs vont se soumettre à desentraînements variés et ciblés.

Heureusement, les adaptations générées par l’entraînement à haute intensité sont en généraltransférables de la préparation physique à la boxe. Or, elles ne le sont probablement pas complètement. Les boxeurs gagneraient donc à recourir également à ce type d’entraînement lors des séances de boxe proprement dites. Quelques entraîneurs s’y consacrent. Mais la plupart préfèrent encore laisser cette tâche aux préparateurs physiques. Dommage!

CONCLUSION

Au départ, ce n’est pas sans surprise que j’airéalisé l’existence de ces similitudes entre la boxe et le hockey. Mais après coup, j’ai compris que l’essence d’un sport va bien au-delà de sa spécificité. Que ce soit du point de vue physique, émotionnel ou psychologique, il me paraît maintenant évident que ces recoupements peuvent être effectués pour nous aider à mieux comprendrela nature profonde des athlètes. Au cours de la rédaction des deux prochains articles, ce sera encore ce point de vue qui m’animera.

En terminant, je dois avouer que je ne croyais pas voir renaître un jour mon enthousiasme pour le hockey. J’ose espérer que cet enthousiasme pourra vibrer à nouveau.

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