Christian Mbilli remontera dans le ring du Casino de Montréal, le 9 septembre prochain, contre l’Américain DeAndre Ware. Certains ont été déçus du choix d’adversaire, mais il faut comprendre que ça ne se bouscule pas aux portes pour affronter Mbilli et il semble de plus en plus probable qu’il devra devenir aspirant obligatoire de l’une des fédérations pour obtenir le combat de championnat du monde tant désiré.
Actuellement, « Solide » est au 3e rang de la WBC, notamment grâce à sa conquête du titre Continental des Amériques de l’organisation. Avec une victoire contre Ware, il mettra aussi la main sur un titre mineur de la WBA, ce qui lui permettra d’entrer dans le top 15 de leur classement.
Une question d’investissement
En boxe, c’est toujours une question d’investissement. Pour faire avancer son boxeur, le promoteur doit sortir le chéquier pour lui trouver un adversaire digne de ce nom et/ou payer les frais de sanction pour qu’il se batte pour des titres régionaux qui le feront avancer dans les classements.
Dans le cas présent, c’est à cause de seconde option que Mbilli pourra s’approcher un peu plus du sommet avec une victoire contre Ware, un boxeur qui malgré sa feuille de route respectable, est loin d’être mondialement classé.
En plus des titres régionaux et des victoires, certains promoteurs sont parfois même encore plus agressifs pour faire monter leurs poulains dans les classements, mais ça, on va laisser ça entre les mains des tribunaux.
Le revers des victoires
En fait, pour plusieurs boxeurs d’ici tels que Mbilli, c’est une chance que la boxe ait des classements qui fonctionne de la sorte. S’ils ne fonctionnaient que par « bonne foi », qui voudrait se risquer à affronter un boxeur qui « casse tout » sur son passage comme « Solide » et donc, comment pourrait-il ainsi atteindre le sommet ?
Évidemment, le système n’est pas parfait et devenir aspirant obligatoire d’une fédération de boxe ce n’est pas toujours « sexy ».
Dans le cas d’Artur Beterbiev en 2017, il avait fallu que l’IBF traverse deux fois son classement pour trouver quelqu’un voulant l’affronter. Finalement, après plus d’une dizaine de refus et l’abandon du titre par Andre Ward, l’heureux élu avait été l’obscur, mais courageux boxeur allemand Enrico Koelling.
Encore au Québec, Steven Butler a lui aussi atteint la place d’aspirant numéro un en 2019. Il était si bien classé, même s’il n’avait pourtant pas combattu dans aucun combat éliminatoire officiel, qu’il a même eu le choix entre Demetrius Andrade et Ryoto Murata.
Toutefois, avec le recul, et même si l’opportunité était trop belle pour qu’EOTTM passe à côté, on peut se demander si ses adversaires précédents l’avaient réellement préparé à un tel défi.
Rêver à Canelo, se battre contre DeAndre Ware.
Laurent Poulin
Un monde de contradiction
En conclusion, devenir #1 au monde ne garantit pas de devoir affronter au passage l’élite de la catégorie. Cette ascension ne garantit pas non plus que l’élite voudra vous affronter, tout comme elle ne garantit pas qu’au moment où vous l’affronterez enfin, vous serez prêt à le faire.
C’est dommage pour Christian Mbilli, qui est en quelque sorte puni parce qu’il martèle ses adversaires. C’est dommage pour Arslanbek Makhmudov qui devra sans doute prendre le même chemin. Puis, c’est dommage pour les amateurs de boxe qui s’attendaient à autre chose que DeAndre Ware.
Au lieu de blâmer les joueurs, il faut blâmer le jeu, ou encore les joueurs qui ne veulent pas jouer. C’est sans doute mon éditorial préféré et je me répète, mais c’est parce que l’histoire se répète aussi.
La prédiction
DeAndre Ware n’est qu’un boxeur de plus sur le chemin et l’ascension de Christian Mbilli, parce que l’important dans ce combat, c’est les deux ceintures et donc les classements.
Pour se démarquer du lot, « Solide » se motivera en voulant être celui qui arrêtera Ware le plus rapidement, chose qu’il fera en l’emportant par ko au 5e round, prouvant ainsi une fois de plus que de bien plus grandes choses que DeAndre Ware l’attendent dans un futur rapproché…
Crédit photo : Vincent Ethier, EOTTM.